Dans quelques heures, j’vais être dans un autobus pour aller à New York.
Au moment où j’vous écris, on est jeudi.
24 juillet. 18h50.
À 2h du matin, j’vais avoir les fesses collées sur un banc d’autobus.
Au moment où vous m’lisez, on est samedi et j’suis probablement en train d’me promener dans Central Park avec un café pis un muffin. Ou un beigne, si j’suis un peu plus daring.
J’ai hâte.
Le trajet pour s’y rendre est quand-même-pas-pire-assez-moyennement-long. Mais, au moins, j’sais à quoi ça ressemble de passer plusieurs heures dans un autocar. J’serai pas surprise.
Pas comme la première fois qu’j’suis partie en voyage en bus.
Ç’te fois-là, j’me disais qu’la route allait vraiment passer vite. Que, 13h, ça allait être d’la p’tite bière.
Mais pas tout à fait.
Ç’tait tard dans la nuit, fa’que j’suis arrivée avec ma doudou pis mon mini-oreiller. J’me suis installée bein comme y faut dans mon banc. J’comprenais pas trop comment l’machin-pour-descendre-mon-siège-à-l’horizontal fonctionnait, alors je l’ai laissé en position assise.
J’étais pas très confortable.
« Au pire, on s’en fout. C’est juste une nuit. M’a être capable de dormir pareil. », que j’me suis dit.
Erreur.
J’me suis bel et bien endormie au bout d’45 minutes, la tête accotée sur mon épaule gauche pis la bouche untipeu entrouverte.
Pis là, on a pogné une bosse. J’me suis réveillée en sursaut, j’ai eu une mini-crise cardiaque.
Ç’a été ça pour le reste d’la nuit. Des bosses nids-de-poule cratères qui faisaient des jambettes aux roues du bus. J’ai pas beaucoup dormi.
Ajoutez à ça une doudou qui arrêtait pas d’glisser, le vent qui cogne dans les vitres pis l’moteur qui fait « vroum vroum » sans arrêt comme fond sonore, un sérieux mal de cou dû à ma position de sommeil pas-très-recommandée et un profond malaise quand j’me réveillais en faisant un eye contact avec le passager à côté d’moi pis qu’j’avais un peu d’bave sèche su’l bord d’la bouche.
Non, ç’pas vrai. J’bave pas quand j’dors. Jamais.
Promis.
Bref, l’ambiance était pas super reposante.
La lumière du jour s’est finalement montrée l’bout du nez. L’monde a commencé à jaser. Fini, l’dodo!
J’ai sorti un roman d’mon sac, prête à passer un petit moment de détente.
Ça allait bien, jusqu’à ç’que mon cher voisin, celui avec qui j’avais fait des eye contacts malaisants toute la nuit, se mette à écouter sa musique en montant l’volume de ses écouteurs au max, scrappant alors ses tympans et mon moment relaxant en même temps.
« So won’t the real Slim Shady please stand up, please stand up, please stand up! »
J’aime beaucoup Eminem. Mais pas maintenant.
Nope. Pas maintenant.
J’ai regretté d’avoir laissé mon discman à la maison.
En prime, j’entendais les madames derrière moi faire leur dose de gossip, raconter à quel point «l’brushing de Rachel est affreux» pis qu’le couple de «Lucile et Jacques, c’est sûr que ça durera pas».
J’étais pus capable.
C’est à ç’moment-là qu’le p’tit gars deux rangées avant la mienne s’est mis à avoir mal au coeur et a demandé un p’tit sac à vomi. Quelqu’un aurait pas pus lui dire de pas manger un shitload de chocolat pis d’jujubes?!
À l’aide.
C’est juste à moi qu’ces choses-là arrivent.
J’suis finalement arrivée à destination. Toute qu’une affaire, ç’te voyage-là!
J’me suis préparée, cette fois-ci.
Dans mes bagages : mon mini-oreiller et ma doudou (ça reste essentiel), mon livre et mon iPod pour affaiblir les sons énervants autour de moi et m’aider à dormir.
À faire dans l’autobus : dormir la face vers la fenêtre (pas vers l’intérieur de l’allée) et pas avoir honte demander de l’aide pour baisser mon siège si c’est trop difficile (j’suis faible).
Pour les nids-de-poule, j’peux pas faire grand chose.
Bon, assez d’plaintes!
Malgré toute cette expérience, j’ai très hâte de quitter ma p’tite ville pour New York. J’adore la Grosse Pomme.
J’suis prête à m’bourrer la face de hot-dogs préparés su’l bord d’la rue, à brûler ma carte de crédit pis à boire du café ailleurs que dans mon salon.