Tout l’monde déménage en juillet, sauf moi.
Fa’que dans quelques semaines, j’déménage.
Au revoir, chez-moi-de-maintenant, et bonjour, chez-moi-de-demain!
Des boîtes, j’suis pas habituée d’faire ça. Surtout pas en septembre.
Pis j’suis du genre à procrastiner untipeu. Pas pour tout et pas toujours, mais pour certaines choses et quelques fois.
Ma conclusion, après déjà quelques boîtes remplies à mon actif: c’est pas facile pantoute.
«Ça va être d’la p’tite bière!», que j’disais.
«J’vais m’débarrasser d’plein d’affaires, y’a rien là!», que j’disais.
Mais.
Y’a un mais.
Depuis quelques (plusieurs) années, j’ai la ramassite aigüe (maladie fictive et purement inventée par moi consistant à garder toutes sortes de choses inutiles en m’disant que j’vais les jeter plus tard, mais dans l’fond j’les laisse traîner sur mon bureau, en-dessous de celui-ci, et même des fois à côté).
Par exemple, mes vieux cahiers d’école.
À chaque fin d’année scolaire, j’me disais qu’j’allais peut-être avoir besoin d’mes notes de cours l’année d’après. Alors j’les glissais à quelque part dans l’fond d’mon garde-robe, dans un bac.
Ou tout-nu-pas-d’bac: juste des feuilles éparpillées un peu partout entre mon chandail de laine préféré pis ma vieille paire de jeans que ça faisait trois ans qu’j’avais pas portée.
Et là, j’retrouve tout ça.
Alors, qu’est-ce que j’fais?
J’revisite mon passé en prenant l’temps d’regarder toutes mes vieilles affaires.
J’ai même retrouvé mon agenda scolaire de secondaire 4.
C’est vieux, ça.
Y’a des «je t’aime» écrits sur toutes les pages, agrémentés de p’tits-coeurs-quétaines.
J’calculais le temps qui s’écoulait depuis que j’avais commencé à sortir avec mon chuuuum-que-j’aiiiiime-tellement-omg-j’pense-que-c’est-l’homme-de-ma-viiiie-j’pourrais-pas-vivre-sans-luiii-y’est-drôle-y’est-beau-y’est-fin-y-sent-bon-pis-touuuute.
Nous autres, les filles, on passe toutes par là.
J’pense.
Y’a des paroles de tounes tristes (parce que la vie est si dure à l’adolescence).
Pis du Backstreet Boys en plus: «I prayyyy for this heart to be unbroken, but without you all I’m going to be is incompleeeete!»
Y’a aussi des p’tits mots d’mes amis.
«jtm MaRiika T tlm La bEsT aMiie du mOonde lah! JveUux po TperDre T tRop TorDante, c DrÔôle de Faiire D NiiAiiSeriiEs aVec ToUuah! xDD»
Des HEURES de plaisir à regarder!
J’ai aussi feuilleté mon album de finissant.
J’ai été émue.
Et déçue d’me rendre compte que j’me rappelais déjà pas du tiers des faces qui étaient dedans.
J’ai replongé dans tous mes souvenirs, pis après j’en ai mis certains dans les vidanges parce qu’on peut pas tout garder.
J’ai aussi fait l’ménage dans mes CD, j’ai réécouté mes vieux CD, j’ai donné des CD, j’ai reconsidéré mon idée de me débarrasser de certains CD, j’ai gardé des CD, j’ai finalement vendu quelques CD.
Et j’ai fait la même chose avec mes livres mes DVD mes séries d’émissions télévisées mes vêtements mes souliers mes bijoux mes magazines mes bandes dessinées pis mes objets de décoration.
Pis j’ai même pas l’quart de la totalité d’mes affaires qui sont ramassées encore.
Let’s go, moi!
En tout cas.
Ça fait drôle de dire au revoir à l’endroit où j’habite présentement.
Mais j’ai vraiment hâte.
J’aime ça l’changement, moi! Emmenez-en.
Fa’que c’est ça.
Dans quelques semaines, j’déménage.
Y’a pas quelqu’un avec des gros muscles de bras qui voudrait m’aider à transporter des boîtes?
J’sais bein, on est en septembre.
Des boîtes en septembre, ç’pas commun.
Mais j’paye la pizza pis la caisse de 24!
Quelqu’un?
Non?
Bon, d’accord.