On va bientôt commencer à peinturer les murs.
Ma couleur préférée, c’est le blanc.
« Non mais blanc c’est la somme de toutes les couleurs fa’que ça compte pas t’sais quand tu décomposes la lumière blanche dans un triangle-prisme ça fait un arc-en-ciel comme dans Pink Floyd. »
Bla, bla, bla.
J’m’en fous, c’est ma préférée quand même.
J’veux qu’tous les murs soient blancs chez nous.
Pas parce que c’est la mode ces temps-ci, t’façon j’me fis jamais aux tendances.
Mais c’est juste parce que j’aime ça.
Pis parce que ça fait propre.
J’aime ça, le propre.
Ça-fait-que j’avais pas l’choix d’aller à la quincaillerie pour m’acheter des gallons d’peinture blanche.
Donc, j’suis allée et j’ai dis au p’tit gars qui travaillait là : « J’voudrais d’la peinture blanche, siouplaît. »
C’est à ce moment-là qu’y m’a sorti une trâlée d’échantillons avec plein de sortes de blancs différents.
J’comprenais rien, on dirait que j’voyais pus clair.
J’savais comme pus c’était lequel, le vrai blanc, là-dedans.
Y m’a dit : « Vous préférez un blanc froid ou un blanc chaud? »
J’ai ri.
Y comprenais pas pourquoi j’riais.
Y’était sérieux.
Hein?
Chaud, froid? Quoi?
Juste blanc ça va être correct.
Mettons tiède, si tu tiens vraiment à ç’qu’on jase de température.
J’savais pas qu’la météo avait un lien avec les couleurs.
En tout cas.
« C’est quoi la différence? », que j’dis.
« Le chaud a une dominante un peu plus jaune et le froid, un peu plus bleue. », qu’y m’répond.
Mais moi j’voulais blanc blanc.
Pas blanc rose avec des sparkles dedans.
Pas blanc vert avec des reflets auburn.
Pas blanc avec des gouttes mauves.
Blanc.
J’avais l’impression d’me magasiner une teinture à cheveux.
Y’avait du blanc velouté, blanc crème, blanc cassé, blanc nébuleux. Blanc vif, blanc rabattu, blanc doux, blanc lumineux.
À l’aide.
Y’a fini par me donner celui qui, dans ses mots, était le « plus neutre ».
Je l’ai cru.
Puis est arrivée la question qui tue: « Mais, madame, avec quoi vous éclairez vos pièces ? »
Parce que ça va changer l’aspect du blanc de mes murs, évidemment.
J’utilise des ampoules.
Les moins chères chez Wal-Mart.
J’me suis j-a-m-a-i-s cassée la tête avec ça.
Ça fait d’la lumière?
Ça s’allume quand j’mets la p’tite switch à « On » pis ça s’éteint à « Off »?
Parfait, j’achète.
Avoir su.
« J’ai jamais remarqué qu’mes murs changeait d’couleur quand j’allumais la lumière. », que j’lui réponds.
« Nos yeux nous trompent. »
… Bon bein, laisse-les m’tromper pis m’dire que mes murs sont blancs?
Finalement, j’ai décidé d’acheter la peinture qu’y m’a proposée.
C’est lui l’professionnel, dans l’fond.
Mais j’ai quand même pris la peine de vérifier une dernière fois avec lui si j’faisais l’bon choix.
« Fa’que là, ça va être beau, ç’te couleur-là?? T’es sûr que ça va faire blanc? Un vrai-de-vrai-blanc-avec-pas-d’dominante-ou-je-sais-pus-trop-quoi? »
« Ça dépend. Y sont quelle couleur, vos meubles? Parce que s’ils sont blancs, ce sera peut-être pas le MÊME blanc. » Qu’y m’dit.
Voyons donc! T’es tu en train d’me dire que ça m’prend un doctorat en design d’intérieur pis une maîtrise en gestion d’couleur pour m’acheter d’la peinture blanche!!?
Ma face affichait clairement un air découragé.
Y trouvait ça un peu drôle.
Ou cocasse, ce serait peut-être un mot mieux choisi.
Y’a ri.
J’comprenais pas pourquoi y riais.
J’étais sérieuse.
J’trouvais pas ça drôle, j’avais l’impression d’perdre mon temps à réapprendre mes couleurs.
Alors je l’ai remercié.
J’ai souri.
J’ai pris les échantillons.
Pis j’suis partie.
J’me suis dit que j’allais regarder ça chez nous.
Mais, t’sais…
Au pire…
Ça serait beau, aussi, des murs bleus.