C’est quand j’ai vu l’plafond du sous-sol que j’ai compris.
Le plafond était vraiment magané.
Dans l’genre « très beaucoup magané ».
Ça faisait mal aux yeux d’le regarder.
« Y va falloir l’arranger au plus vite », que j’me suis dit.
T’sais, c’est bein normal. Ça m’tente pas d’vivre dans du tout-croche.
Pis c’est exactement en m’disant ça qu’j’ai réalisé quelque chose que j’avais jamais vraiment pris l’temps d’remarquer.
Tout l’monde rénove sa maison pis répare ses vieilles gugusses cassées et marquées par l’accumulation des années. Mais y’a pas beaucoup d’gens qui prennent le temps d’réparer ç’qui ont d’brisé en eux.
À l’intérieur.
Parce qu’on a tous des p’tits bouts scraps en d’dans d’nous.
Des blessures pas-tout-à-fait-guéries, des morceaux d’peine qui essayent de s’cacher mais qui refont surface des fois, d’la colère qu’on pensait avoir oubliée mais qui vit encore dans l’fond d’nos tripes.
Ces blessures-là, ça fait des trous dans l’coeur.
Ça fait des trous dans l’corps.
C’est comme des balles de fusils qui nous transpercent.
Pis plus y’en a, plus ça fait mal.
Ç’t’important d’boucher les trous.
Comme on bouchent ceux qui s’trouvent dans les murs de notre nouvelle maison parce qu’avant notre emménagement y’avait un twitte qui était pas capable de bien accrocher ses cadres et qui s’est repris au moins trois fois pour qu’y soient placés à son goût.
Pourtant, les trous d’balles qui font mal, on les laisse là. On pense peut-être que ça va guérir tuseul.
Mais souvent ça prend un peu d’travail. C’est juste qu’on est un peu lâche.
On préfère boucher les trous du mur.
P’t’être que ça nous permet d’oublier nos trous à nous.
En tout cas.
On prend pas soin d’notre personne.
On s’néglige trop.
Pis après on chiale qu’on va pas bien.
On va pas bien parce qu’on fait pas grand chose pour aller mieux à part se laisser d’côté.
Ç’pas d’même pour tout l’monde, heureusement.
Mais c’est vrai pour certaines personnes, ça j’suis sûre.
Y’a p’t’être pas d’outils qui s’vendent à la quincaillerie pour s’auto-réparer les douleurs intérieures, mais on s’en fout parce que les seuls outils qu’on a besoin, c’est du temps pis notre esprit.
Ce jour-là, quand j’ai vu mon plafond, j’me suis fait la promesse de m’réparer le scrap que j’ai dans la tête.
J’veux pas vivre sous un toit tout-croche, j’veux pas plus vivre dans un dedans tout-croche.
Sinon j’ai beau réparer tous mes murs, ça changera rien parce que j’vais être tout-croche anyway, peu importe où j’vais mettre les pieds.
Parce que notre vraie maison, dans l’fond, c’est nous-autres-même.
C’est notre squelette.
On vit dans notre peau.
Y serait p’t’être temps d’commencer à s’rénover l’dedans aussi.