Tu veux d’l’amour à n’importe quel prix. Même gratuit.
Tu t’promènes dans la rue à la recherche d’un peu d’affection. Ça fait un bout qu’t’en as pas eu pis t’en aurais besoin drette là.
L’temps passe, tu commences à t’demander quand ton âme sœur va venir sonner à ta porte.
Tout ç’que tu sais, c’est qu’le célibat, ç’pas pour toi. T’es prête à tout pour y renoncer.
Tu serais game de mettre ton cœur aux enchères si ç’tait possible de l’faire. « Une fois, deux fois, trois fois, vendu » !
Tu serais game aussi d’lui fixer un prix négociable pis de t’promener avec une pancarte « À vendre » dans les mains.
Tu serais même game de l’donner gratisse. T’es rendue à ç’point-là. Premier arrivé, premier servi. Ça ferait du bien d’voir que quelqu’un s’intéresse à toi, que quelqu’un s’intéresse à ton cœur.
Qu’y soit beau, qu’y soit fin : tu t’en fous. Tant qu’y’est capable de t’aimer comme du monde.
En attendant, tu vagabondes un peu partout pour voir si y’aurait pas un peu d’amour qui s’cache à quelque part dans les rues, ou des papillons qui s’accrochent aux lampadaires, ou même des vieux sentiments qui traînent dans les poubelles.
Mais y’a juste des papillons morts écrasés sous des semelles de souliers pis des vieux trios McDo© moisis dans l’fond des vidanges.
Ç’tu vraiment une surprise ? C’est ben normal, l’amour ça existe pus. Ça veut pus rien dire, ç’t’un mot comme un autre. Un simple mot du dictionnaire, entre « amortisseur » et « amouracher » dans le p’tit Larousse de 2008. Rien d’plus.
L’amour, y’a pus personne qui a besoin d’ça de nos jours.
C’est plus facile de s’étourdir avec un rhum and coke, plus facile de s’redonner l’sourire en s’achetant un nouveau chandail à 85$ quand ça va pas. Plus facile de fumer des joints pour ressentir des nouvelles sensations, plus facile de passer six heures par jour sur Facebook à donner l’illusion qu’on est heureux.
C’est tellement plus facile de s’créer une carapace, plus facile de rien ressentir. Plus facile de s’évader dans l’travail pour oublier qu’on est tuseul, plus facile de s’commander du junk food quand on a pas besoin d’cuisiner pour quelqu’un d’autre.
C’est plus facile de tuer l’amour.
Pendant ç’temps-là, toi tu cours. Tu cours, tu cours, pis tu cours encore. Tu cours après l’amour à en être essoufflée.
Tu cours partout.
Mais arrête-toi quand tu seras trop fatiguée.
Arrête-toi pour te prendre un rhum and coke au bar. Bois jusqu’à en oublier l’amour, toi aussi.
Tu vas voir, c’est plus facile.