Les traîneries du samedi

L’automne, c’est notre saison à nous.

L’automne, c’est fait pour s’coller en d’ssous des couvertes.

C’est fait pour toi pis moi.

C’est fait pour que tu m’haïsses quand j’colle mes pieds frettes-pré-hiver sur les tiens chauds-post-été.

L’automne, c’est beau dehors mais c’est beau en d’dans aussi.

C’est beau entre nos quatre murs pis c’est beau en moi aussi.

C’est beau parce que les feuilles sont d’la même couleur que nos coeurs.

Dehors, les arbres-presque-tout-nus sont gênés.

Les arbres rougissent.

Ça m’fait frissonner parce que ç’t’histoire-là m’fait penser un peu à moi chaque fois qu’on s’aime à deux.

Ça m’fait frissonner, mais pas autant qu’toi tu l’fais.

Tu m’fais frissonner comme quand mon corps frotte deux centimètres de sa peau su’l souffle du vent frais d’octobre.

T’es mon vent frais d’octobre.

L’automne, c’est beau parce qu’y fait frette mais pas trop.

Ça nous fait apprécier encore plus la chaleur de l’autre pis la froideur qui nous pousse à s’envelopper sous les draps.

Parce qu’au fond, sous les draps, c’est là qu’on est l’mieux.

Tuseuls-mais-à-deux, c’est d’même qu’on est l’mieux.

Fermer les yeux pis s’blottir dans nos bras pour jouer à cache-cache avec le monde extérieur.

Oublier ç’qui nous attend dehors.

S’créer des secrets dans l’intimité.

Être protégés de tout, être dans notre monde à nous.

J’ai l’automne en d’dans d’moi, une feuille rouge à la place du coeur.

Une feuille rouge qui s’accroche à toi pour pas s’envoler.

J’veux pas t’lâcher, j’suis trop bien dans nos couvertes, j’suis trop bien dans notre automne.

Parce que l’automne, c’est beau.

C’est beau, c’est notre saison à toi pis moi.

C’est notre saison à nous.