Texte écrit par Anonyme.
8h07.
Je me réveille, encore dans les vapes. Ma tête veut exploser. Ce n’est pas chez moi, ce n’est pas mon lit. Pourtant, je connais ces draps, je connais cette odeur familière et réconfortante. Soudain, j’te vois et je m’souviens. De l’alcool. Beaucoup. Trop. D’une gaffe. Et de toi. Surtout, de toi…
Encore une fois, je me suis mise dans la merde et c’est toi qui as été là pour moi. T’es toujours là pour moi, même quand tu l’es pas. Et j’espère que tu vas l’être encore, au moins un p’tit boute.
Tantôt, quand je suis arrivée, t’étais chaud toi aussi. Pas mal. Mais t’avais l’air content de me voir et ça me suffisait. T’as voulu qu’on aille se coucher. C’est ce qu’on a fait. Ou pas tout à fait. Je me souviens de ton corps, et du mien. De tes caresses et de tes baisers maladroits. Pis je m’demande si je devrais être heureuse ou si j’ai fait une gaffe.
Je me souviens de la première fois qu’on s’est vus. T’avais ton manteau de laine, ta tuque grise pis ton foulard. J’ai trouvé ça drôle, ça m’a arraché un sourire. Ça t’as pris deux minutes pour me faire rire pis le double pour prendre mon cœur. Plus je te parlais, plus je te trouvais beau. Pas juste de dehors. Non non, en-dedans surtout.
Chaque fois qu’on se voyait, pis on se voyait souvent, mon cœur battait un peu plus vite. Mes mains devenaient moites pis mes jambes shakaient. Ça me prenait un petit peu plus de temps me préparer, juste au cas où tu remarquerais ma nouvelle robe. Pis tu la remarquais. J’aimais ça être avec toi mais ça passait toujours trop vite.
Mais j’ai vite compris que ça serait pas si simple avec toi. Ta liberté, tu y tenais pis les filles, ben, t’aimais ça. Pis j’pense pas que j’étais dans tes plans. Je sais même pas si tu voulais que j’y sois. Mais j’ai décidé d’essayer quand même. Parce que toi, tu commençais à être dans les miens.
On est devenus proches. On s’aimait bien. En tout cas moi, je t’aimais bien. Toi, tu me disais que tu savais pas vraiment ce que tu voulais mais que tu m’aimais beaucoup. Je sais pas si on s’aimait pareil. Mais je suis restée. Il y avait d’autres gars de temps en temps, mais ils étaient pas toi. Ils auraient jamais pu l’être. Mais je voyais que tu aimais pas ça, pis ça m’allait. Ça me montrait que tu tenais à moi, pis c’est ça que je voulais.
On s’est chicanés aussi. Pis j’ai pleuré. Beaucoup. Je me suis souvent dit que tu m’aimais pas comme moi je t’aimais. Mais nos chicanes, y passaient vite. Pis j’oubliais. Et je continuais à t’aimer un peu plus, même quand tu m’énervais, mais ça arrivait pas souvent. Parce que j’aimais même ta façon de me taper sur les nerfs.
Tu m’as souvent dit que nous, les filles, on avait cette capacité à apprendre à aimer. À voir par-dessus les défauts. À aimer le beau, mais aussi le moins beau. J’imagine que t’as raison. Toi, par exemple, j’ai pas eu besoin d’apprendre à t’aimer. C’est venu de même. Mais je les aime pareil tes défauts. En fait, je t’aime toi. Tout au complet.
Pis ce matin, je repense à tout ça en te regardant dormir. Je repense à nous deux. Pis je me demande si, pour toi, c’était rien qu’une baise. Si tu m’aimes rien qu’un peu. Sinon, c’est pas grave. Je peux attendre. Peut-être bien que tu pourrais apprendre à m’aimer.