Ma confiance de fille-brouillon

J’ai joué à cache-cache avec la confiance pis j’ai fini par gagner.

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J’l’ai cherchée longtemps ma confiance, j’l’ai cherchée partout dans les yeux bruns-bleus-pairs-toute des autres, cachée dans l’fond d’leur rétine a’ec une parcelle de jugement grosse comme un grain d’sable qui s’foutait ben raide de moi dans l’fond.

J’l’ai cherchée dans l’miroir pis ça m’a toute fucké les perceptions parce que j’voyais rien, j’voyais pas ç’que j’voulais voir, j’me cherchais l’beau partout su’l corps étampé d’complexes qui criaient « haïs-moi steuplaît » en pensant que s’aimer-détester ç’tait juste un jeu.

J’l’ai cherchée dans l’fond d’mes pensées floues, derrière celles qui m’répétaient que j’ressemblais à un brouillon d’vraie-belle-personne pis qu’j’étais juste le coup d’pratique, better luck next time maman.

J’suis allée à la pêche aux compliments souvent-trop sans même m’en rendre compte des fois pis l’pire c’est qu’ceux que j’pognais y m’glissaient des mains, j’étais même pas capable d’les garder pour nourrir mon appétit d’fille-brouillon qui a l’coeur pis l’esprit trop maigres.

J’attendais que l’monde me pitche dans l’front des mots-confettis du champ lexical d’la beauté à grands coups de « t’es ben belle aujourd’hui » ou même juste de « wow » a’ec l’étincelle de vérité qui brille jusque dans l’fond des yeux.

J’me suis répétée qu’la vraie beauté, la plus importante, était en d’dans pas dehors (ou en tout cas tout l’monde dit ça) mais j’me croyais pas, à force d’avoir l’impression d’me mentir à moi-même j’pensais qu’j’allais devenir Pinocchio, en plus mon nez était déjà trop long pis anyway j’trouvais pas mon intérieur vraiment plus beau qu’ma face, c’est dommage que l’maquillage se mange pas sinon j’aurais peinturé mes défauts avec du fond d’teint pis j’aurais compensé mon manque de personnalité avec du blush.

J’ai pigé dans la confiance des autres pour leur en voler un peu mais j’ai jamais réussi, ça existe pas la cleptomanie d’self-love pis j’étais déçue, ç’pas quelque chose qui s’partage, « j’ai d’la confiance en trop, t’en veux-tu un peu? », t’entendras jamais ça, de toute façon c’est impossible-presque d’en avoir trop, même qu’on en a jamais assez.

Mais au fond qu’est-ce qu’elle a d’plus que moi la fille d’à côté à part une plus petite taille, on s’en fout moi j’ai des plus beaux sourcils qu’elle, on peut pas tout avoir.

La vie le physique l’extérieur c’est pas un jeu d’bricolage, tu peux pas prendre des morceaux d’face-corps sur les autres pis les coller ensemble avec des bouts d’scotch-tape pour te rebâtir un visage parfait comme quand t’étais p’tite pis qu’tu faisais un portrait d’l’homme de tes rêves en scrapbook a’ec des images des yeux d’Zac Efron pis d’la bouche à Chad Michael Murray découpées dans l’magazine Cool!.

Y’a personne de parfait, y’aura toujours des beaux gens à envier mais y’ont des défauts eux-aussi, tout l’monde voudrait ressembler à quelqu’un d’autre, p’t’être même qu’la fille d’à côté est jalouse de tes yeux tu sais pas.

Pis depuis qu’j’ai compris ça, ben j’m’aime un peu mieux.

T’façon j’ai pas vraiment l’choix d’m’aimer, sinon qui va l’faire?

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2 réflexions sur “Ma confiance de fille-brouillon

  1. Il y a PLUSIEURS années j’ai lu un roman que tu connais sûrement, La machine a beauté. Pas un grand roman, mais ce qui était sympa c’est le message retenu: quand tout le monde entre dans la machine à beauté et ainsi devient beau et bien tout le monde devient pareil et donc le beau se dilue dans la masse et rend tout le monde quelconque. Dans un tel contexte la beauté c’est quoi?

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