Y’a une tempête qui m’attend dehors pis j’ai peur de l’affronter.
J’suis bien chez moi dans mon réconfort-chaud d’couvertes à motifs festifs pour Noël tsé, a’ec mes sweaters en laine qui piquent sur ma peau, mon café brûle-papilles épicé cacao-cannelle (mon préféré), mes pantoufles en faux-pouèle pis mon feu d’foyer qui crépite c’est presque aussi mélodieux à mes oreilles que Michael Bublé qui chante Ave Maria.
L’intérieur de mes murs c’est l’beau côté d’l’hiver.
C’est l’beau côté d’la vie.
L’hiver, la vie. La vie, l’hiver. Les deux sont pas mal pareils.
C’parce que l’hiver j’trouve que c’est la saison bipolaire, ç’t’un peu comme la vie pis ses montagnes russes de hauts-bas qui donnent le vertige un-peu-beaucoup (trop) des fois, j’haïs ça moi les manèges.
Un jour y fait soleil-beau pas trop frette tu sors avec presque pas d’manteau pis un coeur léger de « maudit qu’ça va ben aujourd’hui », ça s’voit jusque dans ton sourire-plein-d’dents genre Crest 3D White qui shine de bonheur-vrai.
L’lendemain tu t’lèves t’as mal à l’âme, t’as l’impression qu’une tempête frappe sur ta journée à grands coups d’morceaux d’grêle pis d’milliards de flocons aveuglants, t’essaies d’avancer mais les vents d’100 km/h cognent trop fort sur ton corps fragile post-heureux d’hier, t’as pus l’coeur léger pantoute même que Salut Bonjour! annoncerait sûrement qu’y’est fermé aujourd’hui dans sa liste des commissions scolaires de broken hearts.
L’hiver c’est d’même, c’est soleil après tempête après soleil.
La vie c’est d’même, c’est des hauts c’est des bas mais c’est surtout des hauts.
Ça arrive à tout l’monde des journées-tempêtes pas l’fun pas d’sourire pas d’toute.
Mais y faut apprendre à vivre avec, prendre plaisir à l’hiver, mettre sa capuche ses grosses bottes pis ses mitaines, sortir dehors au beau milieu du froid pis danser au travers des cinquante-douze-millions d’flocons en attendant qu’les rayons du soleil reviennent faire fondre le mauvais qui tombe du ciel.
Aujourd’hui, c’est ma descente de montagnes russes c’est ma tempête hivernale c’est ma météo-bipolaire de vie-dégueu.
Fa’que j’ai calé mon café épicé j’ai éteint mon foyer j’ai rangé mes couvertes j’ai mis ma tuque mon foulard pis j’suis sortie valser avec la poussière blanche de nuages, ma face grimaçait une esquisse de sourire figé-congelé mais j’ai même fini par être de bonne humeur pour vrai j’ai apprécié le vent qui sifflait c’était presque aussi mélodieux à mes oreilles que Michael Bublé qui chante Holly Jolly Christmas.
Pis comme toujours le soleil a fini par revenir.