Texte écrit par Claudy Gauthier.
La saison d’la couleur. C’est fancy-cute , mais dans mon coeur la couleur vire au noir. T’sais, noir comme la plume du corbeau.
Chaque feuille qui tombe m’rappelle que la saison froide arrive. Ça va être l’hiver. L’hiver , c’est froid. Comme dans mes draps. Ça fait un petit bout d’temps qu’c’est un peu-beaucoup-full-trop froid. Ça fait un p’tit bout d’temps qu’t’es parti. C’est ben beau l’automne, l’paysage mais.. Reste que c’tait plus fancy-cute quand t’étais là. Juste à coté. Ta respiration qui réchauffait ma nuque, tes mains sur mes hanches pis mes pieds un peu-beaucoup-full-trop frettes sur ton corps chaud et accueillant.
Dans l’fond, la couleur c’tait pas juste dans les arbres qu’elle changeait. C’tait un peu dans ma face , mes joues rosées par ton regard profond remplaçait sûrement les feuilles rouges. Après l’été endiablé qu’on v’nait d’passer à s’baigner, à s’embrasser en sentant la flamme du désir monter en nous. J’imagine que j’voyais trop loin. À la première brise d’automne.. T’es parti. Comme l’herbe verte sous mes pieds, comme le vent chaud pis l’été sucré. T’es disparu, sans explication.
Tu sais, j’comprends pas encore. J’croyais qu’t’allais être là. Peut-être pas toute la vie, mais y’a un côté d’moi ben rêveur qui voulait. J’espérais au moins un peu d’ta chaleur dans mes draps cet hiver. Mais tout c’que j’ai, c’est un lit double en solitaire. Moi, mes oreillers qui m’rappellent toi pis l’vieux t-shirt que t’as oublié. Parce que j’aime ça m’rappeler tes bras quand y fait trop froid. Quand les feuilles tombent pis que j’me rappelle ta présence, après j’soupire en r’gardant l’décor pis en souffrant d’ton absence.
J’aimerais haïr ta belle p’tite face , mais j’peux pas. Pourquoi? Sûrement parce que j’ai trop aimé ses grosses joues là. Peut-être parce que j’me suis amourachée d’tes yeux un peu trop fort. Ou juste parce que j’pense que j’t’aime encore.
J’aime pas cet effet-là, mais j’suis pas toi. Tu l’savais un peu trop depuis l’début que tu penserais pas à moi en écoutant notre chanson, que tu oublierais que mon odeur est dans tes draps. J’le savais qu’t’étais l’genre de gars qui passe vite à un autre appel. Pis on l’savait que t’avais pas peur d’avoir mal parce que t’as pas d’coeur. Pis toi en retour, tu l’savais que, quand moi j’aimais, j’aimais pas à moitié. J’aime avec mon âme au grand complet.
On l’savait que, quand t’allais partir (on l’savait ben trop aussi que c’tait pas moi qui allait t’quitter), tu partirais avec mon coeur pis tout c’que j’avais en d’dans. Que t’allais laisser un trou dans mon p’tit dedans. Tu as percé mon existence, mon coeur, mon âme pis même la brise fraîche de l’automne me rappelle juste le vide frais qui va avoir ce soir entre mes couvertures et moi. Que la seule chose qui va m’réchauffer c’est mon thermostat pis ce s’ra pas toi.
Non, parce que t’es partit. En même temps qu’le vieux moi. En même temps qu’ma joie.
T’as laissé derrière ta belle p’tite face une fille transpercée d’bord en bord pis une tempête de feuilles mortes.