Texte écrit par Kézya Joyal.
Voyager m’a toujours fait peur, juste à y penser je renonçais à l’idée. Le confort d’mon coin d’pays me donnait pas envie d’me perdre ailleurs. J’voulais rester ici, proche des choses que j’connaissais et des gens que j’aimais. L’inconnu m’effrayait parce que, malgré tout, j’étais-tu assez bien ici!
J’avais pas envie d’prendre le risque de m’en aller, même pas pour un moment. J’avais pas envie de rencontrer d’autres gens et de refaire l’effort de m’habituer. J’m’étais mise dans la tête que c’était ici qu’j’étais née et que j’avais grandi, donc c’était ici que j’allais rester. On dirait que j’avais pas la force de prendre mon stock et d’partir, mais là j’te jure… J’ai plus la force de rester ici, pas pour toujours. Pas pour un temps.
Tu sais, ça fait pas longtemps que j’ai changé d’idée. J’sais pas trop pourquoi j’me suis autant attachée à tout ça… Ah oui, pis à toi. Année après année à rester fixée sur la même vie.
J’ai réalisé que ici ou ailleurs, les choses changent anyway. Le bonheur c’pas éternel, le p’tit confort d’ici non plus, ‘faut croire. Et vient un moment où les souvenirs te rattrapent pis que ça t’frappe en pleine face. Y’est temps d’s’en aller, pour un bout ou pour toujours. Peut-être juste le temps d’retrouver qui j’suis encore une fois.
J’me suis perdue quelque part dans mes vieux souvenirs que ma tête refuse d’oublier. C’est comme si la vie s’était arrêtée et qu’le mode survie était sans cesse activé. C’t’un sentiment indescriptible, l’impression que y’a plus grand chose qui m’retient. L’envie de partir me prend maintenant, car de toute façon ici c’est plus pareil.
J’veux être loin des choses que j’connais, des choses qui m’font mal, peut-être loin d’toi.
Je sais pas quand, surtout pas combien d’temps. Mais qui sait, j’vais peut-être tomber en amour d’un « ailleurs » qui va tranquillement s’transformer en « ici ».