J’suis comme l’automne.
Enfin l’automne est arrivée c’est ma saison préférée, c’est ma saison du renouveau pis du réconfort en bas d’laine, c’est ma saison du grand-ménage-de-printemps pré-hiver.
C’est que j’me laisse traîner souvent-trop dans ma vie, mes pensées s’empilent les unes sur les autres même que des fois j’vois pus clair, ma tête se remplit tellement que j’me cherche dans mon bordel presqu’autant qu’dans un labyrinthe, j’ai une labyrinthite saisonnière.
Le problème c’est qu’un esprit rempli qui déborde ça rend l’corps un peu chancelant, pendant l’année le souffle d’la vie s’frotte sur mon côté fragile un peu comme le vent dans les arbres à l’automne pis mon cœur maigre se déplume, j’suis comme l’automne.
Parce qu’à l’automne les arbres changent de peau pis moi aussi.
J’me départis d’mes vieilles pensées mes vieux sentiments pourris pour enfin pouvoir fleurir du beau au printemps, trouver mes vraies couleurs, cueillir des émotions nouvelles.
J’mets mon cœur tounu au frette pour repartir à neuf après, j’le déshabille de ses couches d’insécurités pour l’hiver j’brise sa carapace trop sèche qui casse de rien comme des vieilles branches de pommiers, mon cœur a besoin d’se revigorer avec un peu d’fraîcheur anyway.
J’laisse tomber mes insécurités mes miettes de sentiments brisés, j’m’en départis comme des feuilles rouge-orange-jaune pis j’ramasse mes p’tits morceaux d’vie des trois dernières saisons et d’mi, j’les mets dans un sac orange-citrouille-épicée pour mieux m’en débarrasser.
L’automne c’est la saison grise la saison des tempêtes, mais moi j’affiche mes vieilles couleurs juste avant d’les faire tomber pour en créer des nouvelles, des nouvelles couleurs qui m’ressemblent, des couleurs pour remplumer mon cœur gelé.
Parce que la vie c’est un cycle de saisons, du froid du chaud, du mauvais du beau, du ruminé du renouveau, on s’débarrasse de nos vieilles peaux mortes pour se cultiver un nouveau « moi ».
Et chaque année on change de peau.
Comme à l’automne.
Les traîneries du samedi 